Bonjour et bienvenue dans la Revue européenne du mardi, un condensé de l’actualité utile de la semaine. Bonne lecture !
ECO • inflation à 3%
Des chiffres • Sous l'effet du rebond économique, l'inflation dans la zone euro a atteint en août son niveau le plus élevé depuis dix ans : les prix des biens de consommation et des services entre août 2020 et août 2021 ont augmenté de 3 %, contre 2,2 % en juillet (Eurostat).
La mesure de l'inflation “de base” (excluant notamment l'énergie et les denrées alimentaires) a aussi atteint 1,6 %, le plus haut niveau depuis 2012.
Pourquoi ? • L’inflation s’explique par le rebond économique post-confinement, la hausse des coûts de l'énergie (c’est la courbe orange sur le graphique ci-dessus) et la persistance des goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. Autres paramètres importants : la réduction temporaire de la TVA en Allemagne au second semestre 2020 et l’augmentation des tarifs de transport maritime.
Elle augmente d’ailleurs un peu partout dans le monde et atteint 5,4% aux États-Unis. En parallèle augmente aussi la pression sur les banques centrales, pour réduire les stimuli monétaires de l'année dernière.
Un peu de boulimie monétaire
Une inflation trop élevée complique la communication de la BCE qui veut à la fois rassurer les marchés et limiter les mauvaises anticipations des ménages. La BCE souhaite retrouver son poids de forme (2% d’inflation) et la présidente Christine Lagarde assure que l’inflation est “temporaire” et ralentira l'année prochaine.
Pour la prochaine réunion de politique monétaire le 9 septembre, les gouverneurs de la BCE devront discuter du prochain programme d'achat d'actifs. D’après Euractiv, les experts ne s’attendent donc pas à la fin des mesures de relance.
DIPLO • discuter avec les Talibans
Au risque d’être marginalisés par la Chine et la Russie et craignant une nouvelle vague migratoire, les Européens envisagent d’ouvrir une représentation de l’UE pour interagir avec les Talibans, sans pour autant les reconnaître officiellement.
« Nous devons interagir avec le nouveau gouvernement en Afghanistan, ce qui ne signifie pas une reconnaissance, mais un engagement opérationnel » a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, à l’issue de la réunion les ministres des Affaires étrangères, réunis en Slovénie les 2 et 3 septembre.
Le “HR/VP” (Josep Borrell) a aussi annoncé que les États membres s’étaient mis d’accord pour ouvrir une présence conjointe de l’UE à Kaboul coordonnée par le Service européen pour l’action extérieure (SEAE). Cette initiative répond à la nécessité d’entretenir des contacts directs avec les Talibans et de continuer à faciliter le départ des Afghans qui n’ont pas pu être évacués.
5 benchmarks • Borrell a précisé les 5 benchmarks que devrait respecter le gouvernement à venir : 1) ne pas servir de base arrière au terrorisme ; 2) garantir l’État de droit, la liberté de la presse et le respect des droits des femmes ; 3) mettre en place un gouvernement « inclusif et représentatif », notamment au niveau des minorités ethniques ; 4) garantir le libre-accès de l’assistance humanitaire ; et 5) aire en sorte qu’étrangers et Afghans « à risque » puissent librement quitter le pays.
Autonomie stratégique ou business as usual ?
La présence de représentations de l’UE dans des pays en crise n’est pas nouvelle. L’UE et les pays européens, sous l’étiquette Team Europe, en réponse à l’aide internationale fournie pendant la pandémie, pourraient s’affirmer davantage comme un acteur autonome. Une initiative d’autant plus importante que la décision unilatérale des États-Unis de se désengager rappelle les souvenirs de 2011 en Libye et de 2012 en Syrie — où Washington avait finalement décidé de ne pas intervenir.
What’s next? • Il est peu probable que les Talibans se plient aux « benchmarks » de l’UE. Persiste l’ombre d’une situation à la somalienne, où l’UE fournit des fonds sans devenir un acteur déterminant pour autant. L’annonce prochaine de la composition du gouvernement permettra de vérifier si l’UE compte maintenir ce projet de représentation à Kaboul.
DATA • WhatsApp écope d’une amende européenne
Le 2 septembre, l’Autorité irlandaise de protection des données (DPC – Data Protection Commission) a infligé une amende de 225 millions d’euros à WhatsApp pour non-respect de la réglementation européenne relative aux données personnelles (RGPD). Elle condamne en particulier son manque de transparence sur le partage des données collectées sur WhatsApp Irlande, avec sa maison mère, Facebook Inc.
C’est la deuxième amende la plus élevée pour manquements au RGPD après celle de 746 millions d’euros contre Amazon au Luxembourg en juillet.
Après deux ans d’enquêtes, la DPC prévoyait initialement une amende entre 30 et 50 millions d’euros. Mais sous la pression des CNILs européennes, la DPC irlandaise s’est fait retoquer par une “décision contraignante” du Board du Comité européen de la protection des données (EDPB) le 28 juillet dernier pour revoir ce montant à la hausse.
WhatsApp a tout de suite dénoncé des sanctions disproportionnées et fait appel. De son côté, le data activist Max Schrems, fondateur du groupement None of Your Business pour la protection des données personnelles, regrette que la sanction ne représente que 0,08% du chiffre d’affaires de Facebook — le RGPD prévoyant un maximum de 4% du chiffre d’affaires.
Si beaucoup d’entreprises de la tech choisissent l’Irlande pour ses avantages fiscaux, cette décision montre qu’il n’y a pas de Far West pour le RGPD.
COVID • Bruxelles c. Astrazeneca, suite et fin
Alors que 70% de la population adulte européenne est déjà vaccinée, le 3 septembre, l’UE et le laboratoire britannique AstraZeneca ont finalement transigé pour fixer un nouveau calendrier de livraison et mettre fin au litige en cours sur l’approvisionnement tardif des doses de vaccins contre le Covid-19.
Le « Contrat d’achat anticipé » signé par l’Europe le 27 août 2020 prévoyait la livraison de 300 millions de doses selon un calendrier en sept étapes, toutes les doses auraient dû être livrées à la fin du mois de juin 2021. A échéance, le laboratoire avait seulement livré le tiers des doses qu’il s’était engagé à fournir.
L’accord passé le 3 septembre permettra de poursuivre l’aide aux pays en difficulté par le biais de l’initiative chapeautée, notamment, par l’Organisation mondiale de la santé et l’UNICEF, COVAX.
Merci à Andrei-Bodgan Sterescu, Marceau Ferrand, Charlotte Véron, Agnès de Fortanier et Thomas Harbor pour la rédaction de cette édition.
N’hésitez pas à nous écrire pour organiser une rencontre ou parler de l’inflation si vous voulez. A mardi prochain !